Ayumi est venue prématurément au monde le soir du 14 février 1988. Une journée de l'année qui a l'audace de faire sourire par sa simple appellation. En effet, la perte des eaux de Madame Uesato eut lieu au beau milieu d'un dîner en chandelle, dans l'un des plus prestigieux restaurants de Ginza ! La fête des amoureux par excellence aurait pu tourner au drame si un médecin ne se trouvait pas déjà sur place. Ce dernier assista et rassura la future maman jusqu'à l'arrivée des ambulanciers qui conduisirent alors le jeune couple jusqu'à l'hôpital le plus proche. C'est à 23h51, précisément, que la jolie Ayumi poussa ses premiers cris. Un joli bébé en bonne santé, malgré sa faible constitution. Cette naissance faisait le bonheur de toute une famille et une prestigieuse existence lui tendait alors les bras. Un monde qui ne pouvait que sourire à ce nouveau né, puisque ses parents lui promirent monts et merveilles grâce à leur situation plus que favorable.

Effectivement, leur famille détenait un empire dans le domaine de la joaillerie, et la petite Ayu devenait par conséquent l'unique et première héritière du nom. Gâtée et choyée par quiconque, la fillette fut élevée comme une vraie petite princesse. Jamais seule bien longtemps, et toujours accompagnée au moindre de ses gestes, les majordomes et les gouvernantes de la maison devinrent peu à peu ses plus proches confidents. Enfant, sa mère l'habillait souvent avec des robes, des rubans, et des jupes fantaisies à froufrous. Beaucoup de rose bonbon et de paillettes à en faire une overdose! Même sa propre chambre ressemblait à un conte de fée. De la dentelle et de la soie de qualité à n'en plus finir, le tout avec des couleurs pastelles douces et reposantes, parce que Maman Uesato était une femme très rêveuse et posée. Tout devait être absolument parfait pour sa fille chérie, et déjà secrètement, la jeune mère trépignait d'avance à la création de la prochaine déco, sachant pertinemment que cette tendance du moment finirait par la lasser elle et son enfant, au fil du temps. Un cliché des plus typiques, mais cela satisfaisait sa tendre génitrice qui vivait dans son propre monde avec sa poupée de fille, grandeur nature. Élevée ainsi, dans un cadre féerique et bercée d'illusion, la jolie Ayu devint naturellement une petite pestouille capricieuse, qui faisait néanmoins le bonheur de ses parents. Rusée et bonne comédienne avec ces derniers, la nippone savait exactement comment se comporter en leur présence. Avec les inconnus ou autre camarades de classe, son côté pourri-gâtée refaisait naturellement surface. C'est pour cette raison qu'elle ne se fit pas réellement d'amis, et même durant l'adolescence. Mais cela l'importait peu à cette époque. En rentrant à la maison, elle avait ses innombrables poupées et peluches avec qui jouer et discuter. Sans compter les domestiques qu'elle adorait embêter courant leur service, parfois juste pour rire et d'autre fois réellement, pour faire sa peste. Rien de bien méchant au fond. Elle était une enfant comme une autre, avec ses défauts et ses qualités. Bien que ses parents demeuraient aveugles sur pas mal de critères, à aucun moment la petite Ayu eut à se plaindre d'eux, bien au contraire. Avec du recul, on pouvait même clairement stipuler que ses parents étaient de ceux qui se faisaient trop bons et trop rares. Jamais, à aucun moment de sa vie, ils ne levèrent la main sur elle. Le simple fait de l'imaginer leur était tout bonnement impensable. Elle était leur princesse. Le plus précieux de leur joyaux.

Vivre comme bon lui semble, dans sa petite bulle, renforça l'image superficielle et hautaine qu'elle donnait aux autres. Pourtant bien, Ayumi n'était pas une garce finie, loin de là. En la connaissant davantage, n'importe qui pourrait la savoir aimante et douce avec les personnes qu'elle affectionne. Pour cela, évidemment, il fallait supporter ses sauts d'humeurs fréquents et ses airs de princesses! Ce qui s'annonçait rude, très rude... L'aspect général de la nippone ne l'aidait nullement à s'intégrer parmi les autres. L'habitude faisait également cela, et étant donné qu'elle avait toujours été élevée de cette façon, son comportement était naturel de son point de vue. Si son uniforme d'écolière la faisait passer comme n'importe qui, les vêtements et les accessoires qu'elle abordait fièrement attisaient le mépris. A cette période de sa vie, Ayu avait été contrainte de quitter son établissement privé pour une école publique. Des soucis financiers l'avait amené à coexister avec le 'bas peuple' du pays... Ses manières et sa façon de se comporter faisait mouche autour d'elle. Sans savoir pourquoi, elle était montré du doigt. Sans se douter des railleries qui se rependaient dans son dos, des adolescentes de son âge firent semblant d'être ses amies pour profiter du porte-feuille bien garni du Papa Uesato. Parce que tant bien, leur situation pouvait être critique, il était hors de question de priver leur Ayumi chérie de ses achats habituels, puisqu'elle avait déjà fait le sacrifice d'étudier à un niveau plus bas... Des décisions contradictoires suivant une raison à une autre. La seule chose qu'il fallait pour le moins retenir était que le bonheur de leur fille passait avant tout le reste, et ce qu'il faisait plaisir à la petite Ayu, c'était bien justement de dépenser sans compter! Du shopping en tout genre et sous toutes ses formes ; elle adorait ça. Forcément, tout le monde, sans exception, la prenait pour une idiote. Des faux sourires, des invitations forcées, de faux premiers amours... Tout cela seulement pour profiter de ses biens, de sa maison et de sa propre innocence qui fut bien évidemment arraché au plus vantard des salauds qui avait parié gros sur sa tête, pour la mettre dans son lit. Une autre période de sa vie dont elle en avait encore honte aujourd'hui, et qu'elle n'aimait pas aborder... Parce que cette période lui rappelait à quel point elle avait été naïve et stupide. Croire pendant tout ce temps qu'elle était appréciée, populaire et heureuse en tout point... Mon œil, oui. Tout n'avait été que mensonge, et ce retour à la réalité fut très difficile à digérer.

Elle était intelligente, indépendante et très mignonne. Les autres en étaient forcément jaloux! C'était ce que lui disait sa conscience, pour la rassurer... Elle était parfaite, donc. Et pourtant, personne ne voulait véritablement être son amie. Aucun garçon ne l'approchait autrement que pour son statut et accessoirement, pour son physique. Forcément au bout d'un moment, cela avait suffit et Ayumi devint encore plus caractérielle qu'elle ne l'était déjà. Puisqu'elle était si bien et qu'elle n'avait besoin de personne, alors la solitude ne la ferait plus souffrir! Par vengeance, elle tira un trait sur l'amitié et sur l'amour sincère et se décida à prendre les gens pour de parfaits idiots à son tour. Côté étude, elle fit ce que ses géniteurs attendaient d'elle. De toute façon, elle n'avait pas trop le choix et elle ne savait pas quoi faire non plus... donc cette fatalité l'arrangeait presque! Étant enfant unique, elle n'eut d'autre option que de succéder à l'empire de Papa Uesato. Puisqu'il en était ainsi, elle ne broncha pas et débuta de belles études pour devenir une personnalité importante. Plus contraignant en revanche, notamment pour l'image de la société, Ayumi devint une mannequin spécialisé dans les dessous féminins. Le mannequinat étant un rêve de petite fille, ses parents ne s'étaient évidemment pas attendus à ce qu'elle se dénude autant devant un objectif! Simple rébellion d'adolescence, ce petit job devint finalement un passe-temps à part entière dans lequel elle s'épanouissait en tant que femme. Poser pour une grande marque de lingerie ou pour une bande de pervers, cela l'importait peu à partir du moment qu'elle se plaisait à faire ça, et qu'elle remportait son propre argent. Chose en laquelle, elle ne manquait plus désormais, bien sûr. Les affaires avaient repris du poil de la bête. Ceci dit, Ayumi ne comptait pas dépendre éternellement de ses parents.

A ce jour, la dite Princess est toujours aussi personnelle. Son côté capricieux ne la quitte pas, ainsi que son aisance inébranlable en toutes circonstances! Parfois même, l'on pourrait presque croire que rien n'est capable de l'atteindre. Laissant penser que tout lui est déjà dû, la jeune femme est visiblement trop bien pour daigner un regard sur votre triste personne. Facilement ennuyée et sur ses grands chevaux pas grand chose, Ayu aime mettre la pression sur les personnes qui l'entoure et les faire se sentir inférieur à elle. Simple méchanceté gratuite ? Qui sait. L'habitude, peut-être encore. S'étant de nombreuses fois faite avoir par le passé, elle a depuis répété le même schéma avec les âmes innocentes qu'elle rencontre. Acheter la confiance et l'amour d'une personne avec de belles paroles et avec de l'argent, rien de plus naturel après tout! Elle avait appris à ses dépends que les faibles ne survivaient pas ce monde. Surtout pas dans le monde qu'était le sien. Pardonner à une personne ? C'était presque lui demander la lune! Rancunière comme pas, Ayumi a beaucoup de mal à oublier le visage des personnes qu'elle méprise. Ce genre de chose n'est qu'une perte de temps, et s'il y a une chose en laquelle elle ne s'attarde pas, c'est le passé. Vivre l'instant présent, pleinement, sans se soucier du futur, c'est tout ce qui importe. Être perçue comme une vraie princesse, fait aussi son bonheur, parce que c'est ce qu'elle est et ce qu'elle a toujours été. Il n'en sera jamais autrement puisqu'elle a été élevée ainsi.
Cela fait quelques temps qu'une 'amie' du cercle mondain lui a évoqué le milieu des host-club, et il est vrai que cette aventure l'intrigue un minimum. En dehors des séances photos et de ses études, la belle a beaucoup de temps libre, alors elle compte tester la chose un jour, histoire de voir de ses propres yeux si ces gus-là sont réellement capables de la faire rire et de l'amuser, sans avoir à faire semblant. Qu'ils essayent donc. Elle prendra cela pour un challenge. Après tout, jusqu'où peuvent-ils aller pour de l'argent ?